L`heure des sanctions a sonné

Publié le par Bi Bally Maurice FERRO

L’Union africaine se réunit ce jeudi à Addis-Abeba, il est attendu d’elle qu’elle prenne des mesures vigoureuses
L’Acte I du processus DDR, le pré-regroupement des combattants, n’a pas eu lieu le 31 juillet. La communauté internationale se remobilise.


Ce jeudi, sauf revirement de dernière minute, l’Union africaine (UA) devrait se réunir, à Addis-Abeba, pour se pencher sur les dernières évolutions de la crise ivoirienne. Après deux jours de discussions marathons, ce week-end, à la primature entre les deux états-majors, la montagne a accouché d’une souris. Si les parties se sont accordées sur les aspects techniques (35 sites de pré-regroupement en zone gouvernementale et 75 en zone sous contrôle de la rébellion), l’opération de pré-regroupement proprement dite n’a pas commencé ce dimanche 31 juillet, comme prévu. C’est un sérieux coup d’arrêt au retour à la normalité et à la réunification du pays, au grand dam du général de brigade Philippe Mangou, chef d’état-major des Armées, pour qui “le chronogramme doit absolument être respecté”.
Le colonel Soumaïla Bakayoko, chef d’état-major des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN), et les membres de sa délégation ont argué des “préalables politiques” pour se soustraire au calendrier du chronogramme qui a été validé à Yamoussoukro, le 9 juillet dernier. En effet, les décisions en date du 15 juillet du Chef de l’Etat tendant à promulguer, en lieu et place de l’Assemblée nationale, six lois sont au centre de la polémique. La coalition de quatre partis politiques (PDCI-RDA, RDR, UDPCI et MFA) et des trois mouvements rebelles (MPCI, MPIGO et MJP), formant le “G7”, conteste certaines dispositions qui ne seraient conformes ni à la lettre ni à l’esprit de l’accord de Linas-Marcoussis.
A ce titre, comme l’opposition politique et armée l’a annoncé au cours du point de presse, Aimé-Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA, et Alassane Dramane Ouattara, président du RDR, qui vivent en exil volontaire en France, ont adressé une correspondance au médiateur de la crise, le Président sud-africain Thabo Mbeki pour exprimer, au nom du “G7”, leurs réserves sur certains textes. Car, sur la loi relative au financement des partis et groupements politiques sur fonds public, et à la Commission nationale des droits de l’homme, le “G7” a donné son quitus. Quant aux Forces nouvelles, membres de la coalition, leur secrétaire général a saisi Mbeki et elles refusent de désigner leurs six représentants au sein de la Commission électorale indépendante (CEI) dont l’indépendance serait, à leurs yeux, sujette à caution. Et pour couronner le tout, les rebelles refusent d’entreprendre l’acte I du processus de démobilisation, désarmement et réinsertion (DDR), c’est-à-dire le pré-regroupement pour l’identification des combattants.
De la Présidence de la République à l’opposition politique et armée en passant par les belligérants (les Forces de défense et de sécurité ou FDS et les FAFN), les regards sont tournés vers le médiateur que tout le monde attend pour trancher. Les menaces sur le processus de paix étant récurrentes, l’heure sonne maintenant pour la mise en application des sanctions individuelles que la Résolution 1572 du Conseil de sécurité de l’ONU en date du 15 novembre 2004 prévoit (gel des avoirs financiers et restriction des déplacements à l’étranger) surtout qu’à la réunion d’évaluation de l’accord de Tshwane (ex-Pretoria, les 28 et 29 juin), tous les signataires n’ont trouvé aucun inconvénient à subir les foudres de la communauté internationale s’ils faisaient obstacle à l’avancée de la paix.
Des sources dignes de foi soutiennent que c’est seulement après le ok du comité d’experts de l’UA que le Président Laurent Gbagbo a rendu publiques les dernières lois. “Le Chef de l’Etat ivoirien a fait et bien fait sa part de devoir”, aurait répondu Solomon Sokupa, représentant spécial du Président Thabo Mbeki en Côte d’Ivoire aux rebelles, pour confirmer cette thèse.
De ce fait, la Présidence de la République prépare sa défense pour répondre aux critiques de l’opposition à la réunion d’urgence d’Addis-Abeba. L’UA, dans ce conflit, devrait se déterminer, vider le contentieux et mettre chaque acteur devant ses responsabilités. Le retard qui se prend dans la mise en application du chronogramme peut, en effet, avoir des incidences négatives sur tout le processus DDR et compromettre l’organisation de la présidentielle à la date du 30 octobre prochain.

Publié dans Union Africaine

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