Obasanjo felicite GBAGBO

Les Echos du Matin - 7/11/2005 7:29:46 PM

La Côte d'Ivoire continue de jouir d'une certaine notoriété, malgré la crise. Le président Laurent Gbagbo a fait en sorte qu'il en soit ainsi à travers une offensive diplomatique qui semble porter ses fruits aujourd'hui.

Malgré son image écornée par les thèses de xénophobie, d'exclusion et d'ivoirité, la Côte d'Ivoire n'a pas complètement perdu la face sur le plan diplomatique africain. Elle jouit même encore d'une certaine notoriété parce que les autorités actuelles l'ont voulu ainsi, malgré la crise. Il suffit de participer à de grandes rencontres africaines pour s'en convaincre. Le 5ème sommet de l'Union africaine (UA) qui s'est tenu les 4 et 5 juillet derniers à Syrte en Libye a permis de le constater encore une fois. A l'ouverture de cette rencontre, le président en exercice de l'UA, M. Olusegun Obasanjo, a tenu à le souligner en insistant pour que la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement salue la Côte d'Ivoire pour sa contribution au bon fonctionnement de l'union. Puis de révéler que malgré la crise, le pays fait partie des 12 Etats actuellement en règle en matière de cotisation sur les 53 que compte l'UA. Mieux, le président en exercice de l'UA a précisé que la Côte d'Ivoire est le 9ème pays contributeur de l'UA, laissant entendre qu'il y a des pays qui font beaucoup de bruits mais qui ne représentent rien, comparés à ce pays. Le président nigérian Olusegun Obasanjo a félicité publiquement la Côte d'Ivoire et a voulu que ce geste de haute portée soit salué comme il se doit par ses pairs. Ce qui a été fait. Par ailleurs, selon certaines indiscrétions, au cours des travaux entre chefs d'Etat et de gouvernement à huis clos, le président Laurent Gbagbo a eu un long aparté avec le guide de la Jamahiriya arabe libyenne, le Colonel Muammar Kadhafi, au grand dam de quelques chefs d'Etat qui avaient espéré un tête-à-tête avec le président libyen pour diverses raisons. Les deux chefs d'Etat en sont revenus visiblement satisfaits, main dans la main. Mais il n'y a pas que ces deux éléments. Dans les coulisses de ce sommet, plusieurs officiels libyens ont fait part de leur admiration et de leur profond respect pour la Côte d'Ivoire qui ne ressemble à aucun autre pays de l'Afrique noire, malgré la crise qu'elle traverse, et dont le chef de l'Etat ne mendie pas en permanence quelques sous auprès de leur guide éclairé, comme le font certains présidents africains. Il faut aussi souligner l'intervention de quelques membres de la délégation éthiopienne auprès de certains journalistes ivoiriens pour les exhorter à être fiers de leur pays que beaucoup d'entre eux ont eu à visiter à un moment ou à un autre. La délégation éthiopienne a expliqué aux Ivoiriens qu'elle perçoit avec exactitude toutes les difficultés que traverse la Côte d'Ivoire pour avoir eu quelques problèmes avec la France à une certaine époque de leur histoire. " Nous les (les Français, ndlr) connaissons par cœur. Faites attention à votre pays et restez mobilisés autour de votre président, car c'est quelqu'un de valeur. Nous éthiopiens, nous l'aimons beaucoup. Il a du caractère. Vous avez un beau pays, soyez vigilants pour ne pas qu'ils (les Français, ndlr) le détruisent ", ont-ils expliqué en anglais aux Ivoiriens. Ce sont là autant de faits qui donnent à penser que la perception de la crise a pris une autre tournure dans les esprits de certains Africains. Même si les chefs d'Etat ne le disent pas officiellement, les ressortissants de plusieurs pays africains commencent à cerner les contours de cette crise qui a fragilisé la Côte d'Ivoire.

Roselyne AKA
Envoyée spécial en Libye