Paris prépare des sanctions après la bavure en Côte d'Ivoire

Publié le par Arnaud de La Grange

lefigaro.fr
Défense Le ministère français de la Défense réfléchit aux décisions à prendre après la mort d'un Ivoirien torturé par des militaires français.

Arnaud de La Grange
[28 octobre 2005]

 

LES DEUX CHEFS d'état-major, des armées et de l'armée de terre, et leur ministre n'auront pas trop du week-end de la Toussaint pour mûrir les décisions à prendre dans l'«affaire Poncet». Les généraux Bentegeat et Thorette ainsi que Michèle Alliot-Marie auront en leur possession les résultats – partiels au moins – de l'enquête de commandement sur le meurtre présumé d'un Ivoirien par des soldats français. «Nous n'avons rien à cacher, a déclaré hier le premier ministre, Dominique de Villepin, il y a une volonté d'aller jusqu'au bout en totale transparence et de prendre les mesures qui s'imposent. Mesures de justice, mesures d'équité.»


Sur les faits, chaque jour apporte quelques éléments qu'on se garde officiellement de confirmer, tant que l'enquête n'est pas bouclée. Plusieurs sources ont cependant confirmé hier nos informations sur les circonstances de la mort de Firmin Mahé, blessé à la jambe dans un premier temps, puis achevé par des moyens «non conventionnels». L'hebdomadaire Le Point a précisé hier que la victime avait été «étouffée avec un sac plastique».


Trois hommes concernés


L'exécution elle-même ne concernerait qu'une petite partie du peloton du 4e régiment de chasseurs, trois hommes peut-être. Les autorités militaires tentent de démêler l'écheveau des responsabilités au sein de la chaîne de commandement de l'opération «Licorne». Soupçonnés d'avoir «couvert» la bavure française, le général Henri Poncet, un colonel et un sous-officier ont été suspendus le 17 octobre. Un autre général, adjoint du général Poncet à l'époque et aujourd'hui en poste dans les Balkans, pourrait être mis en cause.


Le ministère de la Défense devrait rendre publics avant la fin de la semaine prochaine certains éléments de l'enquête. Et décider alors d'éventuelles sanctions administratives ou statutaires. Michèle Alliot-Marie devrait prendre la décision de déclassifier tout ou partie de l'enquête militaire, afin qu'elle soit versée au dossier judiciaire. Le procureur du Tribunal aux armées de Paris a ouvert une information judiciaire pour «homicide volontaire». Le colonel Gérard Dubois, de l'état-major des armées (EMA), a démenti hier tout «phénomène de grogne» au sein des troupes, tout en reconnaissant une forte émotion et des interrogations sur les faits.


«Dans l'ensemble, nous sommes attristés, parce que nombre d'officiers mis en cause sont de haute valeur, mais pas choqués par les suites données à l'affaire, commente un jeune colonel, personne ne porte de jugement – ce n'est pas notre rôle – sur les officiers qui ont pu prendre la décision de couvrir leurs hommes. Mais la plupart des officiers qui ont des responsabilités s'accordent sur le fait qu'il serait irresponsable de passer sur de tels actes.» La force de l'armée française, considèrent-ils, repose justement sur une exigence éthique et une maîtrise de la violence, maintes fois prouvées.


 

 

Publié dans L'armée française

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