Des retraités français en Afrique ARTICLES
Des retraités français en Afrique ARTICLES
- Driss Bassiri
- [May 27, 2006]
Des retraités français partent s'installer six mois par an ou définitivement au Maroc et en Tunisie. Soleil, prix relatifs très avantageux, leur garantissent une amélioration substantielle de leur qualité de vie au prix d'un trajet. « Chercher à vivre mieux en migrant » ; c'est ce que demandent des milliers de marocains justement, mais aussi de pauvres de toute l'Afrique. Mais pour eux point d'Eldorado possible. La transhumance n'est possible que dans un sens. Ceux qui sont nés du bon coté de la méditerranée ont tous les horizons possibles : ici et la bas au grés des humeurs. Les autres n'en ont aucun, si ce n'est celui d'une vie de misère, d'exploitation, de guerre et de malnutrition. Les uns se voient dérouler le tapis rouge les autres sont accueillis par les milices de Sarkozy. Les uns ont des villégiatures de rêves : village vacance, villa de 600 m2 « sans prétention », plage publique squattée.. Les autres des immeubles insalubres qui brûlent en plein Paris, des centres de rétention et le racisme au quotidien. Exploités là-bas, exploités ici. Quand des africains et des maghrébins se cachent pour survivre en Europe on les appelle des clandestins qui pullulent, quand des retraités européens viennent s'échouer au grand jour à Taghazout au Maroc pour mourir au soleil, on les appelle des retraités dynamiques et romantiques Ah qu'ils sont gentils ces marocains, dociles, corvéables et disponibles. Ah quelles sont mignonnes les petites danseuses du ventre tunisiennes, plaisir des yeux gratuit pour retraité européen. Tout ceci fleure mauvais le vieux réflexe colonial. On tutoie l'indigène comme au bon vieux temps de la piednoirade. « Il est gentil Driss, mais il a déjà cassé trois fers à repasser, hein que c'est vrai que tu les fais tout le temps tomber ? ». On se fait servir à table par Fatima en jouant les petits bourgeois alors qu'en France on est plus qu'ordinaire dans son petit pavillon en kit de petite ville de province. On se plaint de trop payer d'impôts en France, alors que l'Etat marocain est beaucoup moins gourmand. Peu importe si la retraite dorée du petit patron nantais est subventionnée par le prolétaire marocain surtaxé qui ne rêve lui, que de partir pour avoir un vrai travail avec un salaire digne et des droits. Quitte à payer des impôts. Mais la misère du prolétaire africain fait peur aux européens qui préfèrent les voir rester chez eux et servir d'armée de réserve. Retraite au soleil contre retraite au foyer Sonacotra . Il faut rappeler à ces gens que la plage marocaine qu'ils squattent à plusieurs milliers maintenant, est dégradée, polluée, annexée en toute impunité et en toute gratuité. Comble de l'arrogance, le consul de France vient rendre visite à son petit monde pour leur demander de restés groupés pour leur sécurité. Quid du coût pour la collectivité de la gestion de leurs déchets et de la dégradation du paysage qu'occasionne leur campement sauvage totalement improvisé de milliers de campings car. Petit apparatchik local, le fonctionnaire marocain surenchérit de salamaleks et de bons mots envers « les français ». Quel genre de pays réserve la matraque à ses ressortissants, la déportation en plein désert aux africains noirs et le luxe clé en main aux anciens colons d'hier, devenus néo-colons économiques d'aujourd'hui ? Un pays corrompu et vendu en lot au Capital vis sa holding, le FMI. « Pays à vendre ». Quelle honte. Jusqu'à quand l'Europe va-t-elle sous traiter avec arrogance la gestion de ses frontières et de ses vieux à l'Afrique du Nord pour un franc CFA symbolique ?