Relations COTE d'IVOIRE - FRANCE

Publié le par François Gombahi

Remise des clés de la maison des députés : Le discours de Gbagbo qui risque de l’emporter

Le Jour - 5/29/2006 10:45:44 PM

Jusqu’où ira le chef de l’Etat dans ses relations avec la France ? A la rupture, disent les sceptiques. Ceux-ci voient déjà dans le discours de Laurent Gbagbo tenu le samedi 27 mai à Yamoussoukro lors de la remise par la Chine, des clés de la maison des députés, les signes avant-coureurs de ce divorce.

C’est le contraire qui aurait étonné. Depuis le déclenchement de la crise militaro-armée en Côte d’Ivoire le 19 septembre 2002, le chef de l’Etat ivoirien a vite fait son opinion. « Les rebelles ont agi avec l’onction de la France ». Pour Laurent Gbagbo, qui a toujours cru que Chirac et la grande France étaient les amis de la Côte d’Ivoire, cette dure réalité lui a fait déchanter. Mais n’est-ce pas la nouvelle donne que le n°1 ivoirien a insufflé à la politique extérieure de la Côte d’Ivoire qui a poussé Paris à laisser Guillaume Soro et ses hommes à tenter de renverser le Gouvernement d’Abidjan ! Tous les observateurs sont d’accord la-dessus. « Laurent Gbagbo est victime de sa ‘’politique d’ouverture’’ sur les pays asiatiques. Justifient-ils. Paris qui, au nom du partage du monde en centres d’intérêts tenus de mains de fer par les puissances coloniales surveillait son précarré comme du lait sur le feu. Le chef de l’Etat le savait très bien. Mais, il a voulu selon ses propres termes, ‘’diversifier les relations économiques de la Côte d’Ivoire’’. La conséquence ne s’est pas faite attendre. Le 19 septembre 2002, des rebelles attaquent le cœur du pouvoir du président Gbagbo. Avec les services de renseignements français et le 43e Bima (Bataillon d’Infanterie et de Marine) de Port-Bouët. Paris ne peut pas dire qu’il ne sait pas que quelque chose se préparait dans le Nord ivoirien. Avec un régime affaibli, la France pensait que le président Gbagbo allait corriger ses erreurs. En défrichant le chemin qui mène d’Abidjan à Paris rempli de broussailles. Chirac à même reçu Laurent Gbagbo à l’Elysée début février 2004. Pour lui faire comprendre la nécessité de laisser la Côte d’Ivoire dans le giron français. Que non ! Le n°1 de l’Exécutif ivoirien a au fur et à mesure nourri et développé des sentiments nationalistes et patriotiques. Qui ne font pas bon ménage avec les intérêts français. Non satisfait d’avoir donné aux Chinois, les contrats juteux de la construction de Yamoussoukro, capitale politique, lors de la remise des clés de la maison des députés, Laurent Gbagbo a reprécisé sa pensée vis-à-vis des relations entre la Côte d’Ivoire et la France. Le chef de l’Etat avec des mots biens choisis, a félicité la Chine. « … Vous êtes restés avec nous durant la crise, mais vous avez pris fait et cause pour nous aux Nations Unies. Malgré, les frayeurs et les bruits, vous n’êtes pas partis. Nous avons partagé les angoisses et travaillé jours et nuits ». A-t-il dit à l’endroit des Chinois. Pour cette attention particulière de Pékin vis-à-vis d’Abidjan, précise Gbagbo « nous ne pouvons pas être ingrats ». Et d’ajouter « entre la Chine et la Côte d’Ivoire, c’est ton pied mon pied » propos qui sont allés droit au cœur de son Excellence Ma Zhi Xue, ambassadeur de la Chine en Côte d’Ivoire. Selon des sources diplomatiques, ces propos de Laurent Gbagbo indiquent clairement qu’il est en train de tourner le dos à Paris. Et cela, Jacques Chirac est loin de l’accepter. « Le chef de l’Etat a tenu des propos qui vont irriter les relations internationales. M. Gbagbo sait très bien que depuis le début de la crise qui ravage son pays, la marche de cette contrée n’échappe plus à Paris via le Conseil de Sécurité » explique ce diplomate qui ajoute : « si les élections n’ont pas lieu en octobre comme prévu, je suis persuadé que la France ne militera plus pour le maintien de M. Gbagbo comme président de la République ». Le n°1 ivoirien semble en être conscient. Mais son rapprochement de Pékin ne lui sera d’aucun secours. Puisque avec ses 4000 hommes positionnés en Côte d’Ivoire, Paris pourrait faire appliquer sa volonté par tous les moyens.


François Gombahi

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