TOGO: Communiqué du CDPA-BT 9 avril 2005

Publié le par Christian Bailly-Grandvaux

CONVENTION DEMOCRATIQUE DES PEUPLES AFRICAINS - BRANCHE TOGOLAISE
CDPA-BT
BP 13963  Lomé  *  Togo

L'oppression se nourrit du silence... et de l'inaction

Cher(e)s ami(e) et compatriotes,

nous avons le plaisir de vous envoyer ce fichier :

CDPA-BT : Maintenir la date du 24 avril,
C'est vouloir maintenir le régime de dictature dans le pays

pour information et diffusion.
 
Nous vous prions si possible de bien vouloir en faire une large diffusion.

9 avril 2005

Avec nos salutations distinguées

CDPA-BT

mailto:cdpa-bt@cdpa-bt.org
 Site : www.cdpa-bt.org


 

CDPA-BT : Maintenir la date du 24 avril,
C’est vouloir maintenir le régime de dictature dans le pays

La date des présidentielles intérimaires est toujours en question. Réclamé par l’immense majorité de la population, son report est justifié par la nécessité de réunir les conditions fiables pour des élections transparentes et équitables. Dans la situation politique particulière de la mort d’Eyadema, il n’est pas possible d’appliquer mécaniquement la constitution, comme si le pays se trouvait dans une situation politique ordinaire.

A la veille de la mort d’Eyadema, les conditions garantissant des élections démocratiques, libres, transparentes et équitables n’étaient pas en effet réunies dans le pays. La question de la révision du cadre électoral était en discussion. Elle englobait un ensemble de problèmes dont celui du code électoral, celui du fichier électoral, celui du découpage électoral, le problème de l’organisation technique du scrutin et de sa supervision, le grave problème de la constitution de 2002,…

On sait que la constitution de 1992 fut modifiée de façon arbitraire à la veille des présidentielles de 2003, juste pour permettre à Eyadema de se porter à nouveau candidat, et de le faire désormais autant de fois qu’il le voudra. La nouvelle constitution –celle de 2002– institua le scrutin à un tour. Elle pris des dispositions pour écarter d’office la candidature de certains citoyens… Elle donna ainsi à Eyadema la garantie d’être réélu à chaque fois, et au régime de dictature la possibilité de se pérenniser indéfiniment. De fait, la constitution de 2002 imposa ainsi un système de monarchie constitutionnelle au profit du régime et de son parti.

Les imbrications entre cette constitution et le code électoral –de circonstance lui aussi– étaient telles qu’on ne pouvait pas réviser l’un sans toucher à l’autre. Et il n’était pas possible de régler les problèmes techniques d’organisation du scrutin (l’établissement du fichier électoral par exemple), sans trouver préalablement une solution aux problèmes du code électoral et de la constitution, qui sont des problèmes politiques. A la veille de la mort d’Eyadema, ces problèmes étaient justement en discussion : le dialogue imposé au régime par l’Union européenne dans le cadre des 22 engagements de Bruxelles recherchait un consensus en vue de rendre les élections régulières dans le pays.

Dans ces conditions, les dispositions de la constitution de 1992, comme celles de la constitution contestée de 2002, ne peuvent pas être appliquées aux élections intérimaires en vue, comme si les problèmes électoraux en discussion étaient résolus. Les discussions en cours sur ces problèmes devraient donc être poursuivies, si l’on veut vraiment des élections propres, et pas du n’importe quoi. Cette exigence impose de choisir une date qui permette de poursuivre les entretiens engagés avant la mort d’Eyadema. Au lieu de cela, on avait fixé le 24 avril en se référant exclusivement aux dispositions de la constitution, sans prendre en considération les exigences nouvelles du contexte politique réel.

Si le régime et son parti ont accepté cette date avec tant d’empressement et s’ils s’opposent avec tant d’intransigeance à son report, c’est parce que le floue de la situation controversée d’avant la mort d’Eyadema les arrange, en ce sens qu’elle permet de faire des élections du même genre que celle de 1993, de 1998 et de 2003. En plus, l’argument du vide juridique opposé au report est fallacieux car, la classe politique prise dans son ensemble peut décider de prolonger la durée de la période intérimaire, si c’est une condition pour que les élections soient régulières et acceptables pour tous.

Parmi les quatre candidats aux élections, seul le candidat du RPT s’oppose au report de la date. Les trois autres ne sont pourtant pas de la même tendance politique pour qu’on les accuse d’impartialité. On ne saurait taxer un Hary Olympio ou un Nicolas Lawson de « radicalisme » sans leur faire offense ! Et cependant, ces deux candidats très « modérés » avaient tenu une conférence de presse pour dénoncer les irrégularités qui entachent le processus d’établissement de la liste électoral, et réclamer très fort le report de la date. En outre, parmi les 13 partis politiques du pays, seul le RPT –avec peut-être son aile marchante le FOR– s’oppose au report de la date, contre 9 partis qui l’exigent, la CPP et le PDR n’ayant encore rien dit à ce sujet.

C’est ici que la position des médiateurs de la CEDEAO apparaît une fois encore toute empreinte d’ambiguïtés. Ils déclarent ne pas s’opposer au report, mais estiment qu’il revient aux Togolais de se mettre d’accord entre eux. Et si le RPT soutient un refus obstiné qui rende tout accord impossible comme d’habitude ? Faudra-t-on alors faire les élections sous le dictat de ce seul parti ?

Depuis la restauration du pouvoir dictatorial à la fin de la conférence nationale, le régime et son parti, en s’appuyant sur leur armée, ont à chaque fois imposé leurs conditions à l’opposition à travers une série de « dialogues » et « négociation », à travers des élections frauduleuses et à travers des intimidations et des chantages à la guerre civile et au chaos ! Ceux qui ont toujours « dialogué » au nom de l’opposition depuis les « accords paritaires » ont toujours été mis ainsi devant le fait accompli, et ont recherché à chaque fois des compromis dont le système a toujours tiré profit pour se consolider. Faut-il poursuivre indéfiniment ce jeu pervers aux dépens du processus de démocratisation ?

La CDPA-BT demande à ses sections et à tous ceux qui sont engagés dans la construction du Mouvement de la Force Alternative d’Opposition d’informer la population sur ces problèmes et sur la gravité des conséquences du maintien de la date du 24 avril. Notre parti réaffirme que le report est une nécessité pour rendre les présidentielles intérimaires crédibles car, ce scrutin est décisif pour l’avenir du pays. Maintenir la date du 24 avril, c’est vouloir faire ces élections sur la base des irrégularités essentielles du scrutin du 1er juin 2003. C’est favoriser le RPT, et en conséquence, permettre au régime de dictature de se maintenir une fois de plus, contre la volonté du plus grand nombre.

Fait à Lomé le 2 Avril 2005.

Pour la CDPA-BT
Le Premier Secrétaire
Prof. Emmanuel GU-KONU


Pour toutes remarques, suggestions ou contribution, s'adresser à:

CDPA-BT,  B.P. 13963,  Lomé Togo

Publié dans Messages divers

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