Projet de réforme de l'ONU: l'Afrique favorable et unie, pour l'heure

Publié le par Christian Bailly-Grandvaux

Projet de réforme de l'ONU: l'Afrique favorable et unie, pour l'heure [24/03/2005]
Le projet de réforme des Nations Unies, qui prévoit deux sièges pour l'Afrique au sein d'un Conseil de sécurité élargi, est accueilli ...

Le projet de réforme des Nations Unies, qui prévoit deux sièges pour l'Afrique au sein d'un Conseil de sécurité élargi, est accueilli favorablement sur le continent africain qui veut afficher un front commun, mais les frictions entre candidats devraient s'intensifier.

"Nous considérons que les (projets de) réformes de l'ONU sont bienvenus (...) les décisions concernant le monde devraient être prises par un groupe représentatif du monde entier, et non par quelques individus en raison de la supériorité économique ou politique de leurs nations", a déclaré l'AFP Alfred Mutua, porte-parole du gouvernement kenyan, reflétant un sentiment largement partagé.

Dans son rapport présenté dimanche, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a repris à son compte la proposition d'un groupe d'experts de faire passer le Conseil de sécurité, principal organe de décision de l'organisation, de 15 à 24 membres.

Le projet prévoit deux sièges pour l'Afrique, sans toutefois trancher sur un modèle de répartition entre membres permanents et non permanents.

Le 7 mars, les 53 membres de l'Union africaine (UA) ont adopté à l'unanimité une position commune sur la réforme de l'ONU réclamant deux sièges permanents. L'organisation a clairement indiqué qu'elle entendait être responsable de la sélection de ses représentants, mais est restée muette sur les critères qui seraient retenus: population, ressources, contribution aux efforts de paix ?

"Je crois qu'il ne sera pas facile d'aboutir à un consensus sur deux candidats. Cela ne se verra peut-être pas à l'extérieur, mais il risque d'y avoir de sérieuses frictions dans les couloirs", souligne Tom Wheeler, chercheur à l'Institut sud-africain des affaires internationales (SAIIA).

L'Afrique du Sud, l'Egypte et le Nigeria, candidats déclarés, paraissent les mieux placés. Mi-mars, le Kenya a également fait acte de candidature. D'autres pourraient suivre.

La position du Nigeria illustre cette dichotomie entre unité africaine affichée pour une meilleure représentation du continent le plus pauvre de la planète, et de fortes ambitions nationales.

"Je réitère ce que le président a dit, c'est-à-dire que tout pays africain qui aurait l'honneur de siéger au Conseil de sécurité le ferait d'abord et surtout au nom de l'Afrique et non pour lui-même", a expliqué Remi Oyo, porte-parole du président nigérian Olusegun Obasanjo.

Mais, a-t-elle aussitôt ajouté, "je veux également dire avec fierté qu'il n'est pas possible d'envisager une représentation de l'Afrique sans penser d'abord au Nigeria, dans la mesure où un quart des Africains sont Nigérians, un cinquième des noirs sont Nigérians".

"Quelle meilleure façon de représenter la race noire et l'Afrique?", s'est-elle interrogée.

Début février, Davo Oluyemi-Kusa, une intellectuelle nigériane considérée comme proche d'Obasanjo avait, en des termes plus explicites, avancé un argument similaire. "Nous avons de vrais noirs, contrairement à l'Egypte et l'Afrique du Sud", avait-elle lancé, provoquant étonnement et indignation dans la presse d'Afrique du Sud, où vit une influente minorité blanche.

Si cette attitude a soulevé des réticences à l'égard du Nigeria, les candidatures égyptiennes et sud-africaines se heurtent aussi à de sérieuses résistances.

"Les Egyptiens ont un problème: parfois ils jouent la carte du Moyen-Orient, parfois ils jouent la carte de l'Afrique et il existe un certain degré de suspicion à leur égard de la part des Africains", explique M. Wheeler.

"L'Afrique du Sud est aussi vue avec une certaine suspicion en dehors de ses frontières, en raison en particulier de la puissance de son économie."

Dans son projet, M. Annan encourage les Etats à se mettre d'accord sur les candidatures, si possible par consensus, avant un sommet mondial prévu en septembre à New York.

source : AFP

http://www.afp.fr

Publié dans L'O.N.U.

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