Chirac va chuter en Côte d`Ivoire

Publié le par Christian Bailly-Grandvaux

Massacre des Ivoiriens, manœuvres à l`ONU, complots de la France - “Chirac va chuter en Côte d`Ivoire !”

Le Temps - 2/11/2005 7:03:34 AM

Les déclarations et l'interprétation tendancieuse que fait K. Annan sur les dispositions de la Cour Pénale internationale (CPI), sont une menace pour la paix dans notre pays. Et il faut que Annan réponde tôt ou tard… Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU, aurait prétendu remettre à un procureur, une certaine liste de 95 personnalités ivoiriennes, reconnues par l'institution onusienne comme ayant violé les Droits de l'Homme en Côte d'Ivoire. Quel commentaire cela vous inspire-t-il ?

Heureusement que dans votre question, vous dites, Kofi Annan prétend saisir un procureur. Soit M. Kofi Annan est tout a fait ignorant du droit, soit il fait preuve de mauvaise foi, soit alors il continue de manoeuvrer dans le chantage.
Annan ne peut pas parler d'une liste de 95 personnes. Il ne peut pas énoncer dans cette " liste " les noms de Mme Gbagbo, l'épouse du chef de l'Etat, M. Blé Goudé, le ministre Bertin Kadet, etc. Ses déclarations sur l'honorable député et l'interprétation tendancieuse qu'il fait sur les dispositions de la Cour pénale internationale (CPI), sont une menace pour la paix dans notre pays. Et il faut que Annan réponde tôt ou tard…

Quand le juge ou l'arbitre est ainsi accusé, tout se complique…

Kofi Annan doit présenter ses excuses aux mis en cause et, quant aux 95 noms, les victimes de la guerre imposée à la Côte d'Ivoire depuis septembre 2002, réclament que cette liste soit publiée afin d'y reconnaître leurs bourreaux. Elles espèrent qu'il y figure, les noms de Chirac, Alliot Marie, Général Poncet, colonel d'Estremont, Blaise Compaoré, Alassane Dramane Ouattara, etc. Sinon, la " liste " (réelle ou fictive) serait incomplète et malveillante.
Kofi Annan ne sait pas ce qu'est la Cour pénale internationale (CPI).

Avant de parler de cette cour, le fait d'avoir ébruité ou fait ébruiter cette " liste " dans des médias français ne pose-t-il pas problème ?

Ca pose problème. C'est une faute grave. Depuis pratiquement 3 ans, RFI (la voix de son maître) et d'autres radios s'en donnent à cœur joie en Côte d'ivoire parce que le pays est devenu leur poubelle. RfI jette sans cesse le trouble dans les esprits .Cette radio dit qu'il y a une liste de 95 personnalités et cite quelques noms. Je suppose que RFI qui a M. Kofi Annan comme conseiller, en plus de sa fonction de secrétaire général, sait de quoi elle parle. Les personnes mises en cause peuvent poursuivre ce média. Il faut qu'on apprenne à respecter le droit.
Ce qui est important pour le peuple ivoirien, c'est de savoir si accusation il y a, ce qu'on doit faire. Ce qu'on doit faire s'il y a possibilité de poursuite.
Kofi Annan, le nègre de Chirac peut-il prouver qu'il a donné des instructions pour que cette liste ne sorte pas de ses tiroirs. Il sème des troubles dans l'esprit des victimes de guerre en Côte d'Ivoire.
La Côte d'Ivoire a des griefs sérieux contre la France. Et ces griefs auraient prospéré si kofi Annan n'était pas le nègre de service.

Kofi Annan, le nègre de Chirac dites-vous? Tout de même !

Je sais de quoi je parle, en tant que juriste. Ces griefs sont, brièvement :
1) Violation de la charte des Nations unies concernant le recours à l'emploi de la force armée contre un autre Etat (article 2§4)
2) Violation de l'accord de défense
3) Immixtion dans les affaires intérieures d'un Etat et atteinte à sa souveraineté.
4) Destruction délibérée d'aéronefs militaire et civil alors que la France ne disposait d'aucun pouvoir de commandement et n’a pas demandé l'aval de l'ONU (moi je note ici que Chirac a reçu l'aval de l'ONU pour détruire nos avions, sinon pourquoi kofi Annan n'a pas réagi et n'a pas condamné ?
5) Menace pour la paix et la sécurité intérieure d'un pays.

Dire qu'il (Kofi Annan) ignore tout de la Cour pénale internationale est quand même fort…

Je suis attristée quand je le dis, parce qu'il est quand même le secrétaire général de l'ONU. En prétendant saisir le procureur de la CPI, on est à se demander si Kofi Annan peut prouver que les conditions de saisine de la CPI sont remplies. Peut-il prouver que les juridictions nationales ont montré leur incapacité à poursuivre ou qu'elles ont refusé de poursuivre les mis en cause alors qu'on sait que le ministère de la justice est aux mains du RDR (opposition ivoirienne) ? Ce parti ayant dénoncé l'impunité en Côte d'Ivoire avec la problématique du charnier de Yopougon a, à travers la ministre de la justice issue de ses rangs, l'occasion rêvée de faire cesser cette impunité en ouvrant des poursuites contre les mis en cause.C'est-à-dire, le Secrétaire général d'une institution qui a créé la CPI et les statuts et règlements qui la régissent. Kofi Annan ne peut pas ignorer lesdits statuts et règlements. En effet, comment peut-on, ne pas douter de la crédibilité de propos de Kofi Annan lorsque, en violation des conditions de saisine de la CPI, il annonce avec arrogance qu'il a saisi le procureur de la CPI pour poursuivre les accusés.
Or, les conditions de saisine sont liées à la compétence ratione personae et à la compétence ratione materie.
Mais là encore, il faut que d'autres conditions soient remplies.
Pour en revenir à Annan, il a commis des impairs en oubliant que Mme Gbagbo par exemple, bénéficie d'un droit inaliénable et non négociable qui est le droit à la présomption d'innocence, le droit à un avocat, le droit d'apporter des preuves de son innocence ; le droit de rester silencieuse et le droit d'obtenir que les accusations portées contre elle, sont prouvées au-delà de tout doute raisonnable.

La CPI peut-elle, par extraordinaire, s'auto saisir alors même que les juridictions ivoiriennes ne refusent pas de se prononcer sur la question des " crimes réels ou supposés dont sont accusées des personnalités ivoiriennes " ?

Il faut rappeler à Kofi Annan que la CPI a une compétence complémentaire aux compétences nationales.

Ça veut dire quoi ?

Comme ce terme l'indique, le principe de la complémentarité accorde aux Etats, la responsabilité première et le devoir de traduire en justice, les crimes internationaux les plus graves tout en permettant à la CPI d'intervenir uniquement en dernier recours.
En tout état de cause, la CPI poursuit en justice des individus accusés de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Que Kofi Annan devienne donc plus sérieux et regarde cette institution à la tête de laquelle il a été élu et qu'il n'a pas cessé de dégrader à travers ses actes de complaisance (Kleber, France) ; de nominations douteuses (Tévoédjré) et d'injustices notoires (les résolutions au profit de la France). Si Tévoédjré a pu être démissionné, Kofi Annan le sera aussi. La chute de Pharaon étant imminente, cette chute risque de l'emporter aussi.

Quel acharnement contre Annan ?!

-Pas du tout, nous voulons tout simplement rappeler à Annan comme à bien d'autres personnes que la CPI a prévu dans son fonctionnement, d'éviter des cas reposant sur des motivations politiques.
Par exemple, toute accusation devra être confirmée par une chambre de juges siégeant préalablement au procès. Cette chambre examinera les preuves sur lesquelles repose l'accusation avant de la rendre publique. L'accusé et tout pays concerné auront alors la possibilité de s'opposer à l'accusation lors d'audiences de confirmation devant la chambre siégeant préalablement au procès. Cette procédure permet de déceler des accusations portées pour des raisons politiques.

C’est donc dire qu'il y a des conditionnalités à observer et que la procédure est longue. Ce n'est donc pas demain que Simone Gbagbo, Bertin Kadet…seront entendus par...
(Nous sommes interrompus)…Vous voyez !

Après tout, y a-t-il des raisons d'avoir foi en la CPI ?

Toutes les organisations des Droits de l'Homme ont salué l'avènement de ce tribunal créé pour enrayer l'impunité des Grands. Les victimes (de guerre comme en Côte d'Ivoire, des personnes qui n'ont pas de voix) ont donc vu en la CPI, le défenseur de leur cause.
Mais aujourd'hui, c'est le désenchantement. On se rend compte que la CPI a été créée non pas pour rappeler à l'ordre, les grands pays mais pour les chefs d'Etat des petits pays, pour les citoyens moyens. Mieux, on se rend compte que la CPI a été instrumentalisée. Elle ne pourra pas poursuivre Jacques Chirac et le camp présidentiel français. La France étant membre du Conseil de Sécurité qui a un droit de veto. Il faut savoir que, en cours de procédure, de poursuite, le Conseil de Sécurité peut mettre un veto pour demander que les poursuites s'arrêtent. Donc Chirac ou Annan a beau jeu de dire, qu'on peut poursuivre Mme Gbagbo ou une quelconque autorité politique ivoirienne.
Prenez le cas de Compaoré qui a balancé à son arrivée en France lors des assises de Marcoussis, qu'il enverrait Gbagbo devant le CPI. Il avait été " payé " par Chirac pour lancer ces propos en fait de bluff.

Tout porte à croire que la France a organisé son impunité
Au niveau de la CPI, la France est la mère génitrice de l'art 124.C'est elle qui (à dessein) a fait introduire cet article pour se mettre à l'abri. Au nom de cet article, la France, le clan chiraquien et les barbouzes de Paris en Côte d'Ivoire ne pourraient pas être poursuivis. Dès lors, les soldats de la Licorne peuvent impunément tuer en Côte d'Ivoire, voler (casses des agences BCEAO), etc.
La France a donc organisé son immunité en évoquant l'article 124 des statuts de la CPI pour émettre des réserves. Ces réserves sont le fait pour la France, d'échapper à toute poursuite pénale durant sept (7) ans. Ces réserves ont été émises en février 2003.
Je précise que c'est la France qui a introduit cet article 124 qui donne la possibilité à un Etat membre d'émettre des réserves pour échapper à des poursuites pendant sept (7)ans.

Hum ! Il faut donc attendre 2010 pour envisager toute poursuite contre la France devant cette instance…

Oui, et c'est malheureux, pour les nombreuses victimes que la France a occasionnées depuis 2002.
On réalise aussi que la France, depuis 1970 refuse la compétence obligatoire de la CIJ. (?)
Préparant ainsi son impunité. Puisqu'à cette époque, la France de Giscard était très active. Depuis, elle continue son activisme en commanditant des coups d'Etat dont les conséquences sont malheureusement les violations des Droits de l'Homme, des génocides.

Alors ?

-La France, sachant qu'elle peut opposer une fin de non recevoir à toute action de la CIJ contre elle, puisqu'elle ne reconnaît pas la compétence obligatoire de cette cour depuis 1970, peut se permettre de tuer.

Tout de même, il doit avoir quelque chose à faire face à cette France qui piétine ainsi les Droits de l'Homme, non ?

Je pense qu'avec la pression du peuple, la France pourrait se voir contrainte de faire une déclaration au greffe de la CIJ pour répondre aux accusations qui seront portées contre elle. En effet, selon le règlement de la Cour, adopté en 1978, et en application de l'article 38 dudit règlement, la France peut volontairement se présenter devant la Cour.
La société civile ou le peuple tout court, peut pousser la France à cet acte. Elle a déjà accepté, le 9 décembre 2002, de comparaître en relevant le défi face au CONGO BRAZZAVILLE qui avait déposé contre elle une plainte pour entre autres, " violation de l'immunité pénale d'un chef d'Etat étranger ".
Par déclaration du 11 avril 2003, la France a accepté de se défendre contre les accusations du Congo. L'affaire est encore pendante devant la CIJ. J'espère que mme Alliot marie qui se prétend juriste, relèvera le défi et se présentera devant la CIJ pour répondre de ses crimes. On verra alors si notre plainte sera recevable ou pas.

Vous soutenez donc que Kofi Annan et Chirac sont à la tête d'un vaste complot de déstabilisation des autorités légales ivoiriennes et de la Côte d'Ivoire ?

C'est le schéma. Parce qu'on ne peut pas comprendre qu'au lendemain des événements de novembre dernier qui nous ont endeuillés, on ne peut pas comprendre que Annan n'ait pas raisonné Chirac pour que le projet de résolution de l'embargo sur la Côte d'Ivoire ne soit pas voté.
Je n'ai pas compris pourquoi Kofi Annan ne s'est pas empressé de condamner l'attitude de la France, de condamner l'attitude de la force Licorne qui, soit dit en passant, selon la résolution1528 serait en Côte d'Ivoire en tant que force impartiale. Les Forces Licorne se sont disqualifiées et donc ne peuvent plus faire partie des forces onusiennes.
Licorne qui, au dire du général Français, Poncet, n'est pas sous l'autorité du général sénégalais Fall (Onuci), a tué des milliers d'ivoiriens en novembre sur ordre de Chirac. Alors qu'elle était (est considérée comme) une force impartiale, donc force onusienne. Kofi Annan n'a rien dit. Mieux, il a menacé des patriotes ivoiriens, des médias et des responsables de médias ivoiriens sous le prétexte fallacieux qu'ils attisent la haine. Quoi de plus normal que ces personnes-là aient appelé le peuple à la vigilance ?
Kofi Annan est un maître chanteur.

Encore lui?

Il fait peser sur la tête des Ivoiriens et du chef de l'Etat, l'épée des résolutions onusiennes.

Après les tueries opérées sur nos frères, sœurs et enfants, kofi Annan a légitimé lesdits massacres parce que, entre temps, le chef de l'Etat n'a pas cédé en démissionnant.

Où est la légitimation ?

La légitimation s'est caractérisée par le vote de l'embargo que l'on sait, avec à la clé, notre condamnation.
Après le sommet de Libreville et parce que les africains ont été contraints par le chef de l'Etat à accepter que la constitution ne pourvoit pas d'autres modes de sa révision que la voie référendaire, Kofi Annan a permis le durcissement du premier embargo. Et l'un de ses valets en l'occurrence, Bongo, a vendu la mèche en disant que si le référendum donne le " OUI "gagnant, il n'y aura plus d'embargo. Ce sont là, de basses manœuvres caractéristiques de chantage.

Pourtant, Chirac, Wade et une certaine presse française insistent pour dire que n'eut été l'interposition française en Côte d'Ivoire, ce pays connaîtrait le chaos.

Il faut rapidement dire que les ivoiriens ne devraient pas s'émouvoir outre mesure face aux sorties des Wade, Bongo et autres africains sur la Côte d'Ivoire. Tout compte fait, le pays ne sera libéré que par l'application honnête, intégrale et non complaisante de sa constitution et de ses textes législatifs, appuyé par son peuple plus que jamais déterminé. La voie politique est désormais hors- jeu.

Ce sont quand même des chefs d'Etat de pays amis ?

Un ami, c'est celui qui partage votre douleur. Alors que tout le monde a appris ce que la France a fait en Côte d'Ivoire, notamment en massacrant des manifestants aux mains nues, en tentant de tuer le chef de l'Etat, en tirant sur sa résidence privée, aucun, je dis bien aucun chef d'Etat d'un pays de la sous-région n'a envoyé un mot de compassion pour les familles endeuillées, et pour leur pair, le Président Laurent Gbagbo.
Au contraire, Konaré (UA) a convoqué un sommet extraordinaire au cours duquel on a méprisé le peuple ivoirien et son président, les victimes mortes ou atrophiées ou traumatisées à vie, on s'en fout.
Le Togo d'Eyadéma (Ndlr : paix à son âme) reçoit les rebelles en leur déroulant le tapis rouge. Affirmant que c'est sur accord de Gbagbo. Quand on sait que le président ivoirien n'a pas eu besoin d'en parler à son homologue togolais, à plus forte raison de demander son avis lorsqu'il lui a fallu prendre la décision de ne plus faciliter les déplacements des opposants togolais en Côte d'ivoire. Notamment en ne renouvelant pas les passeports ivoiriens que les présidents Houphouët puis Bédié avaient octroyés à certains d'entre eux.Tout cela pour ne pas gêner le " grand frère " et " doyen ".
En réalité, la plupart des voisins du président Gbagbo attendent qu'il tombe dans le puits de la fin. Et ils sont troublés parce qu'ils réalisent qu'il est loin de ce puits. Heureusement que dieu nous a dit que ce n'est pas une grande armée qui délivre le roi.

Pour en revenir à Chirac…

Je vous rappelle que, au moment où le chef de l'Etat ivoirien demandait à l'ONU de nous envoyer les forces onusiennes afin de désarmer les rebelles, Chirac a manoeuvré pour faire partie intégrante de ces forces, d'où la résolution 1528 dans ses derniers alinéas. Aujourd'hui, Chirac lui-même, a de façon unilatérale, dénoncé sa présence au sein des forces onusiennes.
C'est pourquoi je m'élève contre le dernier embargo qui tend à donner quitus à la force Licorne de contrôler les casernes, véhicules, bateaux, aéronefs des Forces de Défense et de Sécurité nationales.
Attention ! Forces onusiennes d'accord pour le contrôle de l'embargo. Mais pas force Licorne. Celle-ci doit rejoindre le 43 ème BIMA. Et s'apprêter à quitter définitivement la Côte d'Ivoire, puisque les accords de défense entre la France et nous sont devenus caducs.

A Dakar, Chirac a déclaré que ses soldats partiraient de la Côte d'Ivoire si le président Gbagbo le lui demande et si, telle est la volonté des Africains.

Il est ridicule de sa part de penser que la Côte d'Ivoire est la capitale de la CEDEAO et que si les chefs d'Etat de ces pays lui demandent de rester, il restera. Même si nous lui demandions de partir. Il faut dire au président français qu'il partira. On le lui demandera et la décision de l'UA sera inopposable à la Côte d'Ivoire. En tout état de cause, nous avons des arguments juridiques pour demander à Licorne de partir. De gré ou de force. Les chars, les hélicos et les barbouzes tueront des Ivoiriens, mais ils ne tueront pas tous les Ivoiriens. Et je suis convaincue d'une chose. Ils répondront de leurs crimes malgré toutes les manœuvres telles les réserves de l'article 124 devant le CPI ou la non reconnaissance de la compétence obligatoire de la CIJ. Nous savons aussi que Licorne ira se loger au Burkina Faso d'où elle nous bombardera. C'est pour cela que Chirac veut savoir si nous n'avons pas un soukhoï caché quelque part. Mais peu importe ! Paris a assez fait de mal en Côte d'Ivoire. Que ses soldats s'en aillent d'ici. Il appartient à l'armée et à son chef d'état-major de jouer son rôle de défenseur de la patrie.

Un militaire doit mourir sur le front. C'est scandaleux et humiliant lorsqu'il meurt dans son lit…

On entend beaucoup d'Ivoiriens dire : "Que Gbagbo fasse vite pour que la paix revienne et que l'on retrouve la prospérité"…
Je réponds que le Président n'est pas le seul citoyen ivoirien à aimer son pays. Nous devons tous contribuer au retour de la paix et pour ma part, c'est en installant un Tribunal pénal spécial pour la Côte d'Ivoire afin de poursuivre, juger et condamner les auteurs, co-auteurs et commanditaires des faits de septembre 2002, de mars 2003 et de novembre 2004. Les politiciens que ce Tribunal spécial n'arrange pas espèrent gouverner ce pays en créant des accords " bidons " et morbides, sur le dos de la Constitution et du droit. A chaque Ivoirien, chaque vendeuse d'alloco, d'attiéké, chaque couturier et couturière, chaque chanteur ou danseur, chaque élève, chaque fonctionnaire, bref, tous les Ivoiriens, chacun avec son talent doit, contribuer à la libération de son pays.
N'attendons aucun appel, aucune rémunération, créons, imaginons, soyons attentifs et actifs. La lutte de la libération est un impératif.

De la démagogie ?

-Non ! Vérité historique. En France, sous l'occupation, des femmes ont choisi de lutter en allant mourir sous les balles des Allemands.

Comment ?

- Eh bien, elles savaient que toute personne qui violait le cessez-le-feu était systématiquement abattue sans sommation. Des femmes s'étaient organisées et se sont libérées à la mort. Les Allemands ont fini par lâcher du lest en aménageant les heures de couvre -feu. Toutes choses qui ont permis aux résistants de circuler et de faire des plans efficaces pour atteindre les bases allemandes.

Le pays a donc des similitudes avec la France sous occupation…
Le schéma de la mise sous tutelle de la Côte d'Ivoire se dessine sous nos yeux avec la complicité de K . Annan.
Bien sûr ! Et tous, nous devons nous lever, rester debout, résister. Pourquoi doit-on croire que c'est le président gbagbo seul qui doit penser, trouver la solution miracle ? Pourtant, quand il nous a dit d'accepter Marcoussis, des critiques se sont levées çà et là pour dire qu'il aurait dû résister. Eh bien, l'heure est venue et bien venue pour résister devant l'occupation française. Nous devons pousser les soldats français dehors en leur brandissant la caducité des accords qui justifiaient leur présence en tant que forces françaises. En leur brandissant la violation de la résolution 1528 qui justifiait leur présence en tant que forces onusiennes dites impartiales. Le Président Gbagbo est le chef d'un Etat dans lequel vit un peuple. S'il n'y a plus de peuple, il n'y a plus d'Etat, et sa fonction devient sans objet. Il le sait et il tient compte de l'avis de son peuple.

Me Hamza, avec vous, il est difficile de dire, " balle à terre ", " tournons la page "…Et si c'était le cas, que ferez-vous de toutes ces victimes non encore indemnisées?

J'attire l'attention de la communauté internationale sur les intentions de Chirac. A travers ses tournées africaines, il utilise les Wade, Bongo et autres, pour organiser le massacre et la souffrance des Ivoiriens. Un génocide ivoirien se prépare. Jacques Chirac en est le maître d'œuvre. Faire semblant de l'ignorer sous prétexte de ne pas être alarmiste, c'est un délit. Le délit de non assistance à personne en danger.

L'actualité, c'est le Togo avec le Décès de Eyadéma et la prise du pouvoir d'Etat par son fils, dans des conditions discutables. Quel(s) commentaires de la crise ouverte ou apparente qui se profile à l'horizon ?

- C'est Chirac qui se délecte et je l'imagine en train de se frotter les mains ou d'écarquiller les yeux (c'est son tic) en déclarant, "je vous le disais, l'Afrique n'est pas encore mûre pour la démocratie, c'est un luxe pour les Africains !... "

Le Togo, ce n'est pas la Côte d'Ivoire. Tout de même !

Eh oui ! Mais c'est cette façon de faire qui permet aux uns et aux autres de ne pas comprendre que le chef de l'Etat, le Président Laurent Gbagbo veuille coûte que coûte imposer la Constitution ivoirienne comme outil de règlement de la guerre que la France a entrepris de nous faire. En vue d'imposer un individu qui ne remplit pas les conditions d'éligibilité à la fonction présidentielle.

Donc vous déplorez ce qui se passe au Togo.

Bien entendu. Il nous faut chercher à comprendre pourquoi l'Assemblée nationale togolaise a accepté une telle mascarade juridique. Pour ma part, cela démontre et me convainc que nous avons vraiment besoin de continuer notre lutte émancipatrice. Nous devons créer un réseau d'intellectuels africains en vue de mener cette lutte parce que, c'est plus sérieux et plus dur que je ne l'avais pensé. Il faut changer de mentalité et c'est un challenge pour les générations à venir.

Faure Eyadéma pouvait-il aider autrement son pays ?

Je le pense. Au lieu d'accepter ce rôle de figurant que lui a imposé la France. Il pouvait être l'acteur principal et non le figurant principal.
De toute évidence, les récriminations hypocrites de Chirac et de l'UA ne doivent pas nous distraire. Mais faure mérite de savoir que tant que Chirac aura besoin de lui pour accomplir ses basses besognes, il ne sera pas inquiété. Par contre, l'inquiétant ; c'est que cela se fera au préjudice des Togolais qui demeureront encore sous dépendance. Or en ce millénaire, dieu ouvre nos prisons et nous devons faire le pas de sortir sans crainte, car, il est avec nous.

Vérité, prophétie, évangélisation?!

- Celui qui refusera de sortir de sa prison, attendra encore 400 ans ; C'est dommage ! Puisse dieu transmettre à quelques-uns de nos frères, l'onction de délivrance et que la parole de Dieu, prononcée par le prophète Esaie au chapitre 51 versets 16 à 18 s'accomplisse aussi pour le Togo comme elle s'accomplit en Côte d'Ivoire; pour le bien de toute l'Afrique.

Interview réalisée par
Douh-L.Patrice

Publié dans Francafrique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article