La démocratie au Togo : enjeu capital
La succession de Gnassingbé Eyadéma
|
Depuis lheure à laquelle le décès du Général-Président Gnassingbé Eyadéma a été connue, une seule question est posée : celle de la succession. Autant la France et la Communauté internationale ne pouvaient pas, du vivant du plus ancien chef dEtat africain, remettre en cause son pouvoir autocratique, autant louverture de sa succession pose de manière neuve la problématique de lévolution du Togo vers la démocratie.
Linfluence française en question
Toute lAfrique a les yeux tournés vers Lomé, toute lAfrique francophone est directement concernée par la manière dont la transition vers la démocratie sera gérée, et la France ne peut détourner le regard de ses responsabilités propres dans cette région. Après le bourbier ivoirien où les forces de la mission dinterposition française senlisent, une mauvaise gestion de la succession dEyadéma porterait un coup fatal à limage et au rôle de la France en Afrique de lOuest.
Il sagit dun test décisif, à lheure où le Président gabonais Omar Bongo Ondoba réfléchit à la proposition des Etats-Unis dAmérique daccueillir une de leurs bases militaires à Libreville, à lheure où lengagement des nations francophones aux côtés de lancienne métropole ne semble plus passer par le contrôle quexercent sur elles les vieilles élites de la « Françafrique », mais de plus en plus par la conscience des peuples, comme vient de le montrer la visite au Sénégal du président français Jacques Chirac.
Compter sur les peuples plutôt que sur les dictateurs
Mais il faut alors être cohérent : si Jacques Chirac veut pouvoir compter sur les peuples dAfrique de lOuest pour soutenir son discours « altermondialiste », nourri décologie, de développement durable, déconomie solidaire, et de respect de la diversité culturelle, il ne doit plus se comporter en Afrique comme le parrain des dictateurs, ultime héritier dune France qui navait pas fait le deuil de son Empire. Il doit être le soutien de la cause démocratique que défend désormais lUnion africaine, sous limpulsion dAlpha Oumar Konaré.
Cest le sens, on veut le croire, de la déclaration de lElysée jugeant « indispensable » le « strict respect de la légalité » dans la transition au Togo, qui rejoint les paroles de Kofi Annan, qui appelle à la préservation « de la stabilité du pays par un transfert de pouvoir pacifique et conforme à la constitution ».
« Toute forme de coup dEtat », même celle qui semble avoir lieu en ce moment même avec la désignation par larmée du fils du président disparu, Fauré Gnassingbé, serait donc explicitement condamnée par la Communauté internationale, lOrganisation des Nations Unies, lUnion africaine, et la France... Reste à trouver les moyens de remettre larmée togolaise sur la voie de la légalité. Ce ne sera peut-être pas si facile, mais cest indispensable, car la succession dEyadéma est désormais un test majeur pour toute lAfrique francophone.