Résolution des conflits-Le président Gbagbo : "l`ONU est dépassée"

Publié le par Paul D. Tayoro

samedi 16 décembre 2006 - Par Notre Voie

Le président Gbagbo a présidé, hier, la cérémonie d’ouverture du troisième sommet panafricain des jeunes leaders. Il en a profité pour donner sa vision du fonctionnement de l’ONU et a annoncé qu’il livrera sa proposition de sortie de crise dès la semaine prochaine. Après avoir entendu toute la population pour recueillir les avis des uns et des autres quant aux solutions de sortie de crise, le président Gbagbo s’adressera à la Nation au cours de la semaine prochaine. Expliquant qu’il lui a fallu analyser et réfléchir sur tout ce qui lui a été recommandé et aussi consulter certains acteurs à l’intérieur comme à l’extérieur, le chef de l’Etat promet “des propositions pour la fin de la crise. Des propositions pour nettoyer la maison, pour balayer et pour rassembler les Ivoiriens autour de notre bien commun, la Côte d’Ivoire”.
S’exprimant au cours de la cérémonie d’ouverture du troisième sommet panafricain des jeunes leaders sur le thème : “Les résolutions onusiennes et la souveraineté des Etats africains : cas de la Côte d’Ivoire et du Rwanda”, le président a rapporté une conversation avec Thabo Mbeki, le chef de l’Etat sud-africain. “Il m’a dit qu’il y a deux pays à guérir pour que l’Afrique prenne son envol : la RDC et la Côte d’Ivoire. Pour la RDC, ça commence à aller. Pour la Côte d’Ivoire aussi, ça ira. Mais la paix et les élections n’arrangent pas tout le monde. Il faut cependant, qu’on les y amène. Il nous faut remplir les conditions. Je prends devant vous l’engagement que je ferai tout pour que les élections aient lieu l’année qui vient. Au moins pour qu’on ait un vrai gouvernement, un gouvernement solidaire autour d’un homme qui le dirige”.
Parlant du dernier coup d’Etat déjoué, le président Gbagbo dira que la Côte d’Ivoire est dans une course de haies. “Il y a encore deux haies qui vont venir, mais nous allons les sauter”.
Pour ce qui est de la lutte pour la libération de l’Afrique, Gbagbo rassure tout le monde. “Chers amis, ce n’est pas moi qui faiblirai quand il s’agit de défendre l’Afrique. Nos parents ont lutté contre le colonialisme brut. Nous, nous devons lutter contre le néocolonialisme, c'est-à-dire le colonialisme pervers. Et, pour ce combat, nous sommes prêts !” Dans un Palais des Congrès de l’Hôtel Ivoire plein comme un œuf, devant des délégués venus de plusieurs pays, notamment le Rwanda, le Togo, le Ghana, la Guinée, le Niger, le Burkina Faso, le Gabon, le Cameroun, le Sénégal et les deux Congos, Laurent Gbagbo est revenu sur la nécessité de réformer l’ONU. Il préconise que l’ONU et son Conseil de sécurité demeurent un bureau de liaison. Et qu’au niveau de chaque continent, les organisations continentales aient une parcelle des pouvoirs de l’ONU pour régler les problèmes du monde. “Sans cela, on assistera au fait que l’ONU devienne comme le FMI, qui n’a jamais sorti un pays du sous-développement”. ”Le représentant du Qatar, que sait-il de la Côte d’Ivoire ? Il prend part au débat sur la Côte d’Ivoire et, pour voter, il ira prendre conseil auprès des Français. Les problèmes sont bâclés, parce que cette organisation est dépassée dans son mode de fonctionnement et dans sa structure”, a poursuivi le président Gbagbo. Avant de dire que les pays vaincus lors de la Seconde Guerre mondiale sont devenus des puissances. L’on a donc été obligé de créer le G8 pour prendre en compte leurs avis. “Au lieu donc de tricher, faisons une réforme claire. Si les problèmes de l’Europe reviennent à l’Europe, l’Allemagne sera au centre des débats. En Asie, ce seront la Chine et le Japon. En Afrique, la Côte d’Ivoire n’est pas n’importe qui”, a-t-il encore avancé, avant de soutenir que la crise dans le pays tire à sa fin. La guerre étant finie depuis 2003, il ne reste plus à gérer, selon lui, que la crise. Mais le président Gbagbo affirme que personne ne veut en sortir avec la honte. Il faut donc trouver les mots et les attitudes justes. Dans la salle surchauffée du Palais des Congrès où la cérémonie s’est tenue, les photographies de Kadhafi, Sankara, Gbagbo, Patrice Lumumba, Nelson Mandela et Kwame Nkruma sont exposées au pied de la table de séance. Parmi les invités, des diplomates, des ministres et anciens ministres, ainsi que des hommes politiques. Invité spécial du COJEP, l’ancien Premier ministre sénégalais Idrissa Seck est vêtu d’un riche boubou bleu. Il est 12h59 quand le président Gbagbo fait son entrée dans la salle. Après une minute de silence à la mémoire de tous les résistants africains disparus, Blé Goudé prend la parole. “On ne peut pas coiffer quelqu’un à son absence. Il faut que, dans les salons huppés de l’ONU, on écoute les fils véritables de l’Afrique et non les soi-disant spécialistes de l’Afrique”, déclare-t-il. Non sans avoir rappelé qu’il avait promi que la liberté de l’Afrique partirait de la Côte d’Ivoire. “Elle est en train d’y prendre racine”. Ensuite, les différents délégués se sont succédé à la tribune. Tous ont exprimé leur soutien au président Gbagbo dont le combat vise la libération de l’Afrique. Ils ont, également, souhaité la panafricanisation véritable du mouvement des jeunes leaders. Parce qu’une nouvelle Afrique est en train de naître. “Ne sortez pas de cette salle sans avoir mis sur pied une organisation continentale qui aidera l’Afrique à sortir du bourbier où nous nous trouvons”, lancera le délégué du Cameroun.
Pour l’invité spécial Idrissa Seck, l’Afrique peut s’en sortir, elle doit s’en sortir et elle va s’en sortir. “La dignité de notre continent passe par sa souveraineté. Le garant de la souveraineté d’un peuple, d’une nation, c’est sa Constitution. Il est donc heureux de constater que la Constitution ivoirienne a résisté à tous les soubresauts de la crise”, a déclaré l’ancien Premier ministre et candidat aux prochaines élections présidentielles du Sénégal.
Les travaux, qui se poursuivent aujourd’hui, connaîtront une éclaircie avec l’inauguration du siège du COJEP. Le sommet prendra fin demain.

Publié dans Francafrique

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