Nicolas Sarkozy recycle Le Pen

Publié le par Akam Akamayong

Nicolas Sarkozy recycle Le Pen : «Si certains n’aiment pas la France, qu’ils ne se gênent pas pour la quitter» 
28/04/2006

Le président de l’UMP, Nicolas Paul Stéphane Sárközy de Nagy-Bocsa dit Sarkozy s’est laissé aller à un numéro de déjà-vu déjà-entendu politique en recyclant pour son capital électoral les vieilles recettes sentant la xénophobie, chères à bien des devanciers. Le 22 avril 2006, s’adressant à 2500 nouveaux adhérents de son parti, le ministre de l’intérieur s’est affranchi de la règle d’élégance et d’éthique des droits d’auteurs politiques en reprenant les formules chères à Jean-Marie Le Pen, « La France , aime-la ou quitte-la !», déjà copiée-collée par le président du Mouvement pour la France , Phillippe de Villiers : « La France , tu l'aimes ou tu la quittes». Rien de nouveau sous l’obscurantisme qui caractérise une certaine élite française, ethniquement homogène, sans commune représentativité avec la société en mutation démographique, religieuse, sociale, économique, philosophique.

 

 

Le succès récurrent de telles attaques en due forme de la part des politiques de tout bord traduit le mépris dans lequel est tenu la communauté citoyenne. L’immigration revient à chaque période électorale, et l’instrumentalisation de la peur sert de principal vivier politique, voire de rente partisane. Les électeurs auraient pu attendre davantage d’une nation qui se vante volontiers de la hauteur d’esprit de sa classe dirigeante.

 

 

Le cheptel électoral français est désormais ballotté entre fausses questions alimentaires -immigration jetable-, non réformes -CPE, …-, et immobilisme. Aucun projet roboratif n’est porté qui conciliera tous les possibles, toutes les énergies indépendamment de leurs couleurs et origines sociales et culturelles. Or de facto, la société est constituée de façon croissante et irréversible d’origines différentes, contribuant au rayonnement de leur pays, à la valeur ajoutée économique dans tous les domaines de l’activité, malgré un mépris d’Etat unanimement pratiqué d’une extrême à l’autre du paysage médiatique et politique.

 

 

Probablement, pensent certains, l’origine hongroise du président de l’UMP et candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2007 le pousse t-elle, dans un inconscient d’illégitimité de sa position plus gauloise qu’Astérix, à en rajouter dans le registre de la stigmatisation des Noirs et des Arabes. Il est à espérer que la responsabilité prendra le dessus, pas trop tard idéalement, afin que des formules lancées à l’emporte pièce ne banalisent pas les actes négrophobes constatés en augmentation, et ne précipitent surtout une fracture raciale radicale entre Français d’origines différentes. Il est curieux d’observer que ceux qui se plaignent le plus du «populisme dangereux» de Le Pen, voire pour d’aucuns son «antisémitisme», assistent sans intelligence autre que figée, à une normalisation politique de l’extrême droite française et de ses thématiques. Cette normalisation ne surprend guère les citoyens un tant soit peu sensibles aux discriminations anti-noires et aux politiques françafricaines, lieux de longues et fusionnelles connivences entre les pôles apparemment opposés de l’échiquier politique français.

 

 

L’agressivité du discours contre les immigrés que chacun entend mélanodermes et arabes dans les vocables de «banlieues» et «issus de l’immigration» s’explique dans l’habitude d’une couardise politique récurrente qui tente de se donner pour son contraire, en infantilisant des populations électoralement muettes. De plus, l’histoire aidant, le défoulement politique sur des populations faibles et mal défendues juridiquement convient à une partie non négligeable d’un électorat qui ne serait probablement pas tombé sur le champ de bataille en 39-45.

 

 

Un argument conjoncturel joue en faveur de la représentation du ministre de l’intérieur et son ton de composition : l’échec de sa politique sécuritaire dont les résultats, médiocres, sont engloutis dans le flot interrompu des effets d’annonces, petites phrases, admonestations. En mars 2006, les crimes et délits constatés à Paris ont grimpé de 5,2% en un an, les atteintes volontaires à l’intégrité des personnes de 18,2% et les violences contre les personnes de 6,3%. On comprend qu’il faille donner de la voix, plutôt du change, quand il n’y a rien d’autre à dire, si ce n’est administrer une piteuse capitulation face à la fronde sociale de la jeunesse anti-CPE luttant contre sa précarisation.

 

 

Quand on n’aime pas les Noirs et les Arabes de France on rentre en Hongrie ? 

 

Publié dans Les politiciens

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