Rencontre avec un délégué de Human Right Watch

Publié le par Christian Bailly-Grandvaux

Rencontre avec un délégué de Human Right Watch : Les victimes de la barbarie française crient leur douleur

Notre Voie - 3/3/2005 1:10:05 AM

Aucune organisation des Droits de l’Homme ne s’est encore sentie concernée par la sauvagerie des soldats français en Côte d’Ivoire. Depuis peu, Human Right Watch a délégué un de ses agents pour entendre les victimes. Alors, on s’interroge.
La salle Chandelier des lagunes à l’Hôtel Ivoire a abrité, hier, une rencontre entre M. Robert Mahoneh, envoyé spécial de l’organisation Human Right Watch, et des proches des victimes décédées, ainsi que des blessés des évènements des 6, 7, 8 et 9 novembre 2004. Une cinquantaine de personnes a donc répondu à l’appel, et, encore une fois, des larmes de douleur ont été versées, et des cris de détresse entendus. Parce qu’avant les témoignages, les responsables de l’Alliance de la jeunesse pour le sursaut national ont tenu à faire voir un film sur ces évènements. Ceux-ci, on le sait, ont fait 64 morts connus et plus de 2000 blessés.
Traînant encore des blessures morales et physiques, les victimes ont relaté ce qu’ils ont vécu durant les évènements. Jambes amputées, mains broyées par des grenades, doigts et orteils partis, ils ont déclaré à la face de M. Mahoneh que les images atroces ne sont nullement le fait d’un quelconque montage. Et que les manifestants ne possédaient aucune arme, malgré les campagnes d’intoxication initiées par le gouvernement et l’armée français. Tous en chœur, ils ont demandé que justice soit faite.
Le jeune Pio Gustave Bertin porte une barre de fer dans le pied. Il a expliqué que c’est le dimanche 7 novembre 2004 qu’il a reçu deux balles dans la jambe droite, une dans le mollet gauche et une dernière dans l’avant-bras gauche. Assis à sa gauche, Claude Sotoua a été amputé de la jambe gauche. Il était, le 9 novembre 2004, à l’Hôtel Ivoire. D’ailleurs, il apparaît, dans le film, en train d’être transporté par ses camarades après que sa jambe a été broyée par les tirs français. “Aucun patriote n’avait une arme en main pour pouvoir tirer. Ce sont les Français qui se sont mis à tirer sur nous pour nous tuer. Personne, en dehors des Français, n’a tiré un coup de feu. Pourtant, leur vie n’était pas en danger. Ils n’étaient pas du tout menacés. Nous, nous ne faisions que chanter la gloire de Dieu pour que le pays soit libéré. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi un soldat français peut ouvrir le feu sur un Ivoirien aux mains nues. Qu’on nous explique pourquoi ils ont tiré sur nous”, a déclaré le jeune homme, les yeux en larmes.
Pour sa part, Alex Kiéhi a été blessé au corridor de la Gesco à Yopougon. La balle française l’a touché au sexe. Depuis, il a un tuyau dans le pénis pour permettre l’écoulement des urines. Il attend une opération chirurgicale pour espérer retrouver une existence normale.
Sohou Brice Pacôme a insisté pour relever un fait que l’opinion a tu. “Le 6, à l’aéroport, deux jeunes ont été abattus devant nous. Ils leur ont tiré dans la tête et leur cervelle était à terre. Les soldats français ont emporté les corps et on ne sait pas encore où ils sont. Dans la même nuit du 6, ils ont coupé l’électricité dans le secteur de la statue Akwaba où nous étions couchés entre 2h et 3h du matin. Ensuite, ils ont tiré sur nous. Dans la débandade, ils se sont saisis d’une jeune fille qui courait près de moi. Ils l’ont emportée. On a entendu des rafales, et plus personne n’a revu cette fille. Le 7, sur le pont De Gaulle, très tôt le matin, une jeune fille a pris une belle dans le dos et s’est jetée dans l’eau. Un jeune homme a reçu la balle dans le ventre. On a vu les traces de son sang à la télé”, a-t-il soutenu, invitant les uns et les autres à se pencher sur le cas des nombreuses personnes tuées par les Français et dont le corps a été dissimulé.
Présent à cette rencontre, M. Narcisse Nabo, représentant du COJEP en Angleterre, a déclaré que Human Right Watch dispose déjà, à son siège de Londres, de tous les éléments relatifs à cette affaire. “Mais nous ne croyons pas que vous serez objectifs. Nous ne croyons pas que vous ferez un rapport juste. J’espère seulement que vous me ferez mentir”.
Avant lui, Blé Goudé s’est demandé pourquoi rien ne se passe en Côte d’Ivoire alors qu’en Irak, les organisations des Droits de l’Homme ont remué ciel et terre pour que les soldats américains qui se sont rendus coupables de violations des Droits de l’Homme soient jugés.
Selon plusieurs personnes, Human Right Watch a précipitamment dépêché un de ses agents en Côte d’Ivoire uniquement parce qu’un cabinet d’avocats londonien a été contacté et va porter l’affaire devant la Justice internationale. D’où le doute qui habite les victimes.
Paul D. Tayoro

Publié dans Messages divers

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