Togo: Ordre et désordre constitutionnel selon « Baby GNASS »
Togo: Ordre et désordre constitutionnel selon « Baby GNASS »
Par sa déclaration de retour dAbuja le vendredi 18 février dernier, Faure Gnassingbé nous avait déjà livré un salmigondis constitutionnel qui constitue une insulte à lensemble du peuple africain et révèle à la face du monde, la vraie nature de ce régime. Lopposition togolaise devrait remercier les acteurs de cette pantomime de sêtre à ce point mis à poil, car chaque jour qui passe rajoute une preuve de plus à ce quelle essaie de dire depuis près de 15 ans, sans réussir à se faire entendre. De retour dAbuja le vendredi 18 février dernier, Faure Gnassingbé nous avait livré un salmigondis constitutionnel qui constitue une insulte à lensemble du peuple africain. Tout au long du discours, lon sy perd si lon sessaie à deviner, le texte constitutionnel qui régit le Togo, selon le « Fils de la Nation ». Au début de son discours, pour justifier ce quil fait là, « Baby Gnass » fait référence aux différents charcutages intervenus le 6 février, lesquels, tout le monde le sait, sont illégales du fait de larticle 144 de la constitution. Ces modifications constituent une forfaiture grave et sont par ailleurs dune idiotie grave pour deux raisons : - voilà un président qui promulgue les 6 février des textes parmi lesquels rien de moins que la constitution sur laquelle il prête serment le lendemain, 7 février. - Le président de la Cour Constitutionnelle, la plus haute instance judiciaire garante de la constitution, y va lui aussi de son coup de plume en modifiant oralement in situ, dans la salle où il reçoit le serment, la formule consacrée. Malheureusement pour lui, et bien quil ait répété la formule toilettée trois fois le « Président investi » qui devait avoir hâte den finir avec tout ce cinéma a répété fidèlement, sans en penser un piètre mot, la formule dont il avait copie sous les yeux et qui est la suivante : " Devant Dieu et devant le peuple togolais, seul détenteur de la souveraineté populaire, Nous Faure Gnassingbé, élu Président de la République conformément aux lois de la République, jurons solennellement : - de respecter et de défendre la Constitution que le peuple togolais s'est librement donné ; - de remplir loyalement les hautes fonctions que la Nation nous a confiées ; - de ne nous laisser guider que par l'intérêt général et le respect des droits de la personne humaine, de consacrer toute nos forces à la promotion du développement, du bien commun, de la paix et de l'unité nationale ; - de préserver l'intégrité du territoire national ; - de nous conduire en tout, en fidèle et loyal serviteur du Peuple ". Référence donc à la constitution du 7 février promulguée le 6 février pour expliquer à quel titre il nous tient son discours. Puis pour expliquer ce quil envisage de faire dans les 60 jours, changement de décor et retour à la constitution version 22 Septembre 2002 : « Jai décidé de poursuivre le processus de transition conformément à la Constitution de 1992 amendée en décembre 2002 et dorganiser lélection présidentielle dans les délais constitutionnels de 60 jours ». Par cette déclaration, Faure Gnassingbé pensait-il vraiment apporter une réponse aux multiples exigences de retour à lordre constitutionnel ? Soit « Baby GNASS » prend les togolais pour des imbéciles, soit il est urgent de lenvoyer refaire ses études, aussi bien à lUniversité de Paris-Dauphine quà Berkeley. Cest tout de même dune loi fondamentale quil sagit !! Car en se référant à la constitution de 1992 amendée en 2002, « Baby GNASS » reconnaît que ce qui sest passé les 6 et 7 Février 2005 et par lequel il venait quelques instants plus tôt de justifier sa prétendue mission nétait que forfaiture. Forfaiture, donc nul et non avenu, qui plus est passible de poursuites imprescriptibles conformément à la loi. Le bon sens voudrait, dans ces conditions quil reconnût de lui-même que le président autoproclamé quil est, est ipso facto aussi nul et non avenu que les tripatouillages honteux (article 203 du code électoral, articles 65 et 144 de la constitution) par lesquels il prétend avoir été investi de la fonction présidentielle. Cest quil nest pas si simple de tordre le coup à la loi, surtout lorsque les textes sont aussi clairs que peut lêtre une loi fondamentale. Le système RPT, qui est passé maître dans lart de tordre le coup à la loi pour lui faire légitimer ses actes se prend systématiquement les pieds dans le tapis et saffale comme un clown, à chaque exercice. Cest la raison pour laquelle les députés togolais ont spontanément décidé, ce 21 février qui nest pas un jour du Seigneur, et sans faire grand cas des incompréhensions et pressions consécutives de la communauté internationale, dannuler une partie des modifications dimanche 6 février. Ils ont simplement oublié dannuler la modification majeure du 6 février, « Baby Gnass », apprenti Timonier national, qui a impérativement besoin dorganiser les futures élections présidentielles, pour devenir le père de la nation, et consoler le peuple togolais de la catastrophe naturelle et nationale qui la frappé ce 5 février 2005. Le roi est mort, vive le roi. Et retour à la constitution cru 2002 donc. Mais si lon interroge les artisans de ce premier toilettage qui se trouvent de nos jours tous les deux en exil à létranger, jetés comme des kleenex mais vivants, ils ne manqueront pas de nous citer les mille et une raisons qui expliquent que les modifications de lépoque soient frappés de nullité. Qui sème le vent Il ne resterait donc que la vraie constitution de 1992, la seule vraie que le peuple ne se soit jamais librement donnée. Elle avait fait lobjet de moultes discussions et modifications, y compris une ultime mission de bons offices du Pierre Mazeau auprès de lune des innombrables commissions paritaires quait connu le Togo depuis Mars 1991. Il sagissait, à lépoque déjà de calmer lire des militaires qui nen nétaient déjà pas à leur première auto-invitation dans le débat politique togolais. Et sans ciller, Faure Gnassingbé poursuit son discours en parlant de confiance, dintérêt supérieur de la nation, de sécurité, paix justice et stabilité. Parole de militaire de lun, parole de Président investi de lautre, paroles qui somme toute, ne valent pas un pet de lapin. Tout ce que les différents artisans de cette pantomime ont réussi à montrer à la face du monde, cest que : 1) la constitution, qui est le texte fondamental de la République nest pour eux rien de plus quun bout de papier avec lequel ils se torchent, une fois quils ont réalisé leur coups bas. Que dire alors des engagements écrits moins solennels, voire des promesses verbales ? 2) toutes les institutions du pays, assemblée nationale et cour suprême y compris sont de vils instruments au service du clan Gnassingbé qui se sert des uns et des autres à sa guise et jette après usage ? Il appartient désormais au peuple togolais de faire comprendre à Faure et à sa clique de voyous que les pratiques du régime RPT nont plus de place dans « lavenir radieux » quil sapprête à conquérir de haute lutte, au terme dun combat sans merci pour « briser partout chaînes et traîtrise » La rédaction letogolais.com |